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il y a 8 ans
Jérôme le magnifique
Dès la sortie du métro, Julie évite quelques traders pressés devant le palais Brongniart. Malgré son pas ralenti par sa robe moulante et ses escarpins, elle arrive rapidement au lieu du rendez-vous, une devanture noire dépourvue de toute enseigne. Elle parait sans doute bien mystérieuse pour tout un chacun, mais pas pour Julie.
Il n’est pas là.
Le téléphone de Julie vibre. Elle parcourt le texte qui vient de s’afficher et au fur et à mesure de sa lecture, elle pressent au creux du ventre les plaisirs à venir. Julie va toutefois devoir pénétrer seule dans cet endroit, et elle n’aime vraiment pas ça.
Tout avait commencé un mois auparavant lorsque Jérôme l’avait contactée à propos de la troisième édition de son anniversaire libertin. Cette fois-ci, plus de marathon sexuel avec toutes ses amantes réunies, plus d’orgie flottante en péniche ! À deux, rien qu’à deux, après les excès pornographiques, Jérôme le magnifique désirait tendresse et intimité, il voulait de la simplicité, de celle dont jouissent les riches en piqueniquant dans les bois quand ils sont lassés des menus étoilés au Michelin. Mais le diable est dans les détails. Laquelle de ses nombreuses maîtresses choisir ? S’il avait d’imprescriptibles penchants, notamment pour elle comme il le lui avait confié au détour d’une de ses phrases faussement innocentes dont il avait le coupable secret, comment ne pas décevoir toutes celles qui attendaient impatiemment cet anniversaire pour le connaître enfin, ou retrouver une fois encore la chaleur de ses étreintes ? Pour que cette nuit soit inoubliable, il voulait la passer avec la plus motivée de toutes ses amantes qui se partageaient bon gré mal gré ses faveurs, mais qui deviendraient en cette occasion des rivales.
Une semaine plus tard, tout était réglé. Julie reçut un message de Jérôme, avec le lien pour télécharger une application Swingame sur son smart-phone. Quand elle l’ouvrit, elle découvrit un texte de son ingénieux séducteur. Il l’invitait à son fameux anniversaire qui commencerait dès l’après-midi du vendredi 8 juillet 2016 et se poursuivrait jusqu’à tard dans la nuit. Son message se terminait par un prometteur « Quoiqu’il advienne ce jour-là, prépare-toi à vivre des émotions fortes ! » et il lui demandait enfin d’ouvrir à nouveau cette application le jour J pour connaître les diaboliques détails.
Ce matin-là, l’application Swingame ne répondit pas aux questions qui s’étaient bousculées dans l’esprit de Julie tout au long de la nuit, mais lui donna une énigme de plus à résoudre : « Serait-ce parce que ce lieu est un nid d’amants qu’il s’est établi dans une rue qui évoque le vaudeville ? Rendez-vous à la caverne d’Ali Baba entre 14h30 et 17h30 ». Julie ne mit que quelques secondes à trouver le lieu en question mais ne parvint pas à comprendre pourquoi Jérôme lui avait donnée une aussi large fourchette horaire.
L’après-midi est bien avancée quand Julie sonne à la porte noire avant d’attendre d’interminables secondes sur le trottoir. L’entrée s’ouvre enfin sur un homme élégant, chaussures vernis, pantalon noir, chemise blanche à col cassé, nœud papillon, sourire ravageur et un loup noir rutilant autour de ses yeux rieurs. « Sésame ouvre-toi » tente aussitôt Julie avant qu’il ne lui pose la moindre question, et dès ce mot de passe prononcé, il lui ouvre largement la porte, l’invitant galamment à entrer. Elle pénètre aussitôt dans l’élégant club privé à la décoration Directoire revisitée, confie ses affaires au vestiaire et met son propre masque parfaitement ajusté à la forme de son visage plutôt que de choisir parmi ceux proposés par le club. Tandis qu’on lui sert une coupe de champagne au bar, les rideaux s’ouvrent sur l’arrière salle. Il en sort une jeune femme noire élancée en jupe tailleur et à la démarche hésitante, dont le sourire tremblant trahit une vibrante émotion. Julie ne l’a pas vue depuis quelques années mais elle reconnaît cette femme timide et discrète qui quitte le club précipitamment. « Vous pouvez aller dans le carré VIP, c’est le dernier salon qui vous a été réservé » lui dit l’homme au masque rutilant.
Coupe de champagne en main, Julie ouvre le premier rideau, traverse le salon aux banquettes confortables où s’ébattent déjà deux couples côte à côte, et après une imperceptible hésitation, elle traverse le second rideau qui donne sur le carré VIP. Elle y découvre une véritable caverne d’Ali Baba pour libertine esseulée. Sur le plateau de verre de la table basse, une douzaine de godemichets de tous formats, des plugs et des œufs futuristes, des canards vibrants encore dans leur boîte et un peu plus loin sur une banquette, trois hommes souriants en costume impeccable.
Une jeune femme joviale au masque doré se lève dès son arrivée pour l’accueillir avec bienveillance.
— Bonjour Julie ! Je m’appelle Flore et je suis là pour vous assister au cours du premier défi de cette journée. Vous allez devoir faire un choix, un peu comme dans ces romans dont le lecteur est le héros, mais aussi comme dans la vie où choisir, c’est renoncer. Vous allez donc devoir choisir un et un seul de ces sex-toys qui sont tous à consommer sur place et à emporter.
— Et eux ? demande Julie interdite sans oser montrer du doigt les trois hommes placides.
— Je vous présente Stéphane, Olav et Samuel qui ont postulé au rôle de sex-toy. Aujourd’hui, et exclusivement dans ce salon, ils jouent le rôle d’hommes-objets. Mais avant de faire votre choix définitif, Julie, sachez que vous avez le droit de déballer et de toucher tous ces jouets, ajoute Flore d’un ton évasif.
Julie sent son cœur s’accélérer et la rougeur lui monter aux joues. Elle n’ose pas regarder les trois hommes qui la scrutent avec un mélange de défi et de bienveillance, et pour se donner une contenance, elle prend dans sa main un rabbit à tête chercheuse et aux oreilles vibrantes, un classique du genre toujours aussi efficace. Elle s’imagine l’ombre d’un instant se masturber là, sur la banquette, face à ces trois hommes qu’elle épie du coin de l’œil, un brun ténébreux, un grand blond longiligne et un black musculeux. Tous portent des masques qui leur cachent la moitié du visage, mais elle aurait bien sûr reconnu Jérôme au premier coup d’œil s’il avait été présent.
Julie repose le vibromasseur et attrape un bijou d’anus en inox dont le cristal ne reflète pas seulement la lumière ambiante mais s’illumine dès qu’elle l’a pris en main. Son téléphone vibre aussitôt et Julie voit alors s’y afficher la notice virtuelle de ce plug anal high-tech, vibrant avec plus ou moins d’intensité selon un curseur sur l’écran de son portable. Amusée et quelque peu rassurée elle ose maintenant observer plus franchement les trois hommes. Le grand blond n’est pas trop son genre mais le brun quadragénaire à barbichette n’est pas dépourvu de charme. Quant au noir aux épaules de déménageur, ce serait l’occasion de l’essayer.
Puisqu’elle a le droit de déballer et de toucher, Julie prend un petit canard rose, en défait le blister, et tout en réfléchissant au meilleur choix à faire, elle constate que le canard réagit comme le bijou d’anus. Parmi ses rivales du jour, les amantes potentielles qui ne connaissent pas encore Jérôme pourraient choisir un des hommes-objets en imaginant qu’il est parmi eux. D’autres plus malines penseront que c’est trop facile, que les défis vont s’échelonner toute la journée et qu’il faut donc choisir l’objet avec lequel pourrait jouer Jérôme, auquel cas ces sex-toys sont les plus prometteurs. Julie, plus avisée encore, n’ose imaginer le nombre de redoutables rivales à affronter et d’épreuves à surmonter pour jouir ce soir de son amant, alors qu’elle pourrait bien en profiter ultérieurement. L’idée de passer sa nuit d’amour les yeux dans les yeux d’un canard vibrant, fut-il de la dernière technologie, l’excite moins que de tenter l’aventure avec un des hommes-objets, dont elle pourrait d’ores et déjà jauger les capacités, voire plus si affinités.
Sans même s’en rendre compte, Julie a fait un signe du doigt à Stéphane, le brun ténébreux qui se lève aussitôt pour s’asseoir auprès d’elle en lui décochant son plus beau sourire. « Vous permettez ? » lui demande Julie d’une petite voix en le dévisageant de ses grands yeux marrons, avant de l’embrasser, timidement d’abord, et puis langoureusement tandis que l’homme-objet s’enhardit à son tour. Une main sur son épaule, l’autre sur sa poitrine qu’il caresse tendrement, il commence à défaire les boutons de sa robe sans cesser de lui baiser voluptueusement les lèvres, il plonge sa main dans l’échancrure, palpe un sein dont la pointe durcit sous ses doigts conquérants, et lui dégrafe le soutien-gorge avec l’habileté d’un prestidigitateur. Prise dans la valse sensuelle dont ce charmeur marque le rythme, Julie parvient à se reprendre à temps. Elle se relève d’un coup pour échapper au tourbillon, repousse Stéphane sur la banquette, écarte les cuisses de l’homme interdit, puis fléchit lentement les genoux, offrant à Stéphane une vue plongeante sur la brèche de son décolleté, pour atteindre la bosse qui déforme le pantalon du séducteur patenté. D’une main experte, Julie jauge à son tour l’engin prometteur au travers du tissu. Son choix est fait : Mieux vaut tenir que courir.
C’est Noël avant l’heure ! Puisqu’elle a la permission de déballer tous les jouets, Julie a bien l’intention d’en profiter pleinement. Elle se relève sans la moindre hésitation, abandonne Stéphane à son érection inassouvie et marche d’un pas souverain vers Samuel, l’homme-objet à la peau d’ébène et à la carrure athlétique.
Elle s’assied sur ses genoux comme sur un trône et l’embrasse en terrain conquis. Cet homme n’inspire pourtant pas la soumission, ni même la passivité, mais l’assurance de la force tranquille. Il se laisse embrasser, et même fouiller la bouche, avec la confiance du mâle qui n’a pas besoin d’afficher une virilité ostentatoire. Peut-être est-ce cela qui excite autant Julie, ce qui la pousse à se mettre à califourchon sur les genoux de Samuel au point que sa robe remonte jusqu’à la lisière de ses bas. Ses mains fébriles défont les boutons de la chemise de Samuel dont la blancheur offre un beau contraste sur le torse large aux poils crépus et aux tétons sombres. Son parfum musqué donne à Julie des envies carnassières de morsures et de suçotements sur les épaules puissantes.
Sans plus de réserves qu’un mec en manque, elle plaque la paume de sa main entre les cuisses de celui qu’elle a choisi, déboutonne la braguette, enfouit sa main dans l’antre obscure et sort l’objet de sa convoitise.
Samuel a l’érection désinvolte. Il bande sans excès. Sa verge ample et lourde entre les doigts de Julie a de quoi la satisfaire, sans pour autant lui apparaître énorme, mais c’est paradoxalement sa fermeté nonchalante qui rend Julie folle de désir. Voilà que la reine de la fête s’agenouille au pied de son valet. Elle ressent le besoin impérieux d’avoir son gland en bouche, d’en respirer le parfum au plus près, d’en saisir la texture sous la langue. Elle embouche le gland circoncis dès qu’il est à sa portée. C’est dans le palais de Julie qu’il révèle sa majesté. Quand elle le recrache enfin, tout luisant de salive, la verge flegmatique s’est muée en érection impétueuse. Julie joue un moment avec les couilles, les hume et les suçote tout en branlant le barreau d’une main et en se caressant la vulve de l’autre, constatant l’inondation et l’urgence du besoin. Elle emportera Samuel avec elle, mais répondre à l’appel de son sexe gorgé de désir est un irrésistible impératif.
Elle monte sur la banquette, à quatre pattes. Elle n’a pas besoin d’en dire plus. Samuel déroule un préservatif tout au long de son érection, trousse la robe, ouvre les fesses, commence à masser la vulve mouillée de la pointe du gland pour la prendre en levrette progressivement, quand en un tour de rein Julie s’empale sur toute la longueur du membre, d’un seul coup à s’en faire mal. Le souffle coupé, elle regrette aussitôt d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Samuel la saisit instantanément par les hanches pour la limer vigoureusement. Ses couilles battent en cadence sur son clitoris tendu. En apnée, Julie réalise qu’elle a le visage sur les genoux du grand blond, et après avoir repris son souffle en gémissant, elle ouvre la braguette sous pression du Suédois. Samuel accélère la cadence, Olav a le sexe dur comme du granit de Fjord, et sans une pensée pour Jérôme ni la rivale avec laquelle il passera la nuit, elle s’écrie vers Flore dans un geignement extatique « J’ai droit à un échantillon gratuit ? »
Une heure avant l’arrivée de Julie, Ophélie avait hésité à choisir Olav, le grand blond, puis elle s’était dit qu’elle était là pour rencontrer enfin Jérôme le magnifique, pas un autre. Ainsi avait-elle décidé de ne toucher aucun des hommes de ce club libertin. Toutefois, elle s’était offert une petite exhibition, assise sur la banquette du salon VIP, cuisses écartées sur une absence totale de pudeur et de petite culotte. Pour le mouiller de salive, elle avait porté son majeur à ses lèvres carmines qui tranchaient sur sa peau laiteuse de vraie blonde, avant de titiller son clitoris qui dardait déjà à la commissure de ses petites lèvres luisantes d’émotion, ouvertes sur les profondeurs corail déjà prêtes à l’exploration. Face à elle, les trois hommes-objets qu’elle toisait de ses yeux bleus avaient bien du mal à contenir leur émotion palpable, tout particulièrement quand, les paupières mi-closes, elle s’enfonça un œuf vibrant au cœur de sa féminité humide.
Dès qu’Ophélie quitta le club un nouveau texte apparut sur l’écran de son portable. Jérôme l’y félicitait pour son choix, lui proposait de prendre la rue Vivienne tandis que le plan s’affichait sur l’écran, et il l’invitait à mettre ses écouteurs aux oreilles. Elle entendit pour la première fois la voix suave de Jérôme la guider dans les rues de Paris en lui racontant des pans de petite histoire : comment il avait perdu sa virginité dans les jardins du Palais-Royal, comment il avait pris debout un amour de jeunesse entre deux colonnades de la Cour Carrée du Louvre, ce qu’il avait fait des mille cinq cents cadenas d’amour dérobés six ans auparavant sur le Pont des Arts, ses débauches baudelairiennes dans les salons privés du restaurant Lapérouse, et elle fut à point rue Saint-André-des-arts, car chaque détail croustillant des histoires de Jérôme lui déclenchait autant de vibrantes salves de plaisir. Jérôme l’invitait maintenant à écrire une nouvelle page de sa petite histoire galante de Paris en entrant dans un théâtre érotique où elle devrait approcher ou se laisser approcher par une autre femme dans la salle.
À mesure qu’Ophélie descend l’escalier tournant qui mène au sous-sol, elle sent un faisceau de regards braqués sur ses chaussures à bride, ses mollets, sa jupe sous laquelle se perdent bientôt des yeux inquisiteurs. En bas, son corps essuie le feu roulant des prunelles lubriques d’une demi-douzaine d’hommes seuls qui la déshabillent d’avance. « Ah ! Une nouvelle ! » pensent certainement ces habitués installés sur leur siège comme de vieilles bouteilles oubliées au creux d’une antique cave voûtée. Ophélie les balaie du regard sans même songer que Jérôme puisse être l’un d’eux. Dans cette crypte aménagée en théâtre minuscule, une seule spectatrice, une fluette brunette à lunettes qui ne fait pas la fière. Serait-ce ce petit bout de femme qui devrait l’approcher ? Sur la scène exiguë décorée en chambre à coucher sardanapalesque mais qui évoque davantage une boutique d’antiquaire, arrive maintenant l’effeuilleuse professionnelle parmi des notes de clavecin. Ophélie va rapidement s’installer auprès de la brunette plutôt qu’un vieux libidineux, mais elle ressent dès lors les vibrations de l’œuf dans son bas-ventre. La petite brune la dévisage aussitôt les yeux écarquillés, manifestant plus d’intérêt pour sa nouvelle voisine que pour la jeune méditerranéenne en costume sévillan dont le corps ondule sur la scène au son des castagnettes.
Le smart-phone d’Ophélie l’invite à mettre ses écouteurs, ce qu’elle fait en même temps que sa voisine tandis que les vêtements de la danseuse tombent en cadence sous les yeux des spectateurs ravis. La voix de Jérôme incite Ophélie à la détente, au laisser-aller, à jouir du moment présent, sans réfléchir. Elle contemple l’effeuilleuse effeuillée qui n’a pourtant pas encore dit son dernier mot, tandis que sa voisine prend ses aises, lui touche la main, frôle sa cuisse avec une inadvertance feinte. Sans doute est-ce cette voisine qui doit la contacter, et au moment où elle se tourne vers la petite brune pour le lui demander, cette dernière lui vole un bref mais doux baiser. Comme s’il était présent, la voix de Jérôme les invite à se présenter l’une à l’autre. Ophélie la grande blonde et Florence la petite brune se laissent bercer par la voix hypnotique de Jérôme qui induit toujours plus de rapprochement entre elles, au gré de langoureux baisers attisés par les vibrations sporadiques de l’œuf que chacune porte en elle. Ophélie est sans doute moins sensible aux caresses saphiques que Florence, mais cette dernière montre une habileté florentine à esquiver les pudeurs, glisser ses petites mains sous le chemisier de sa voisine et titiller sa généreuse poitrine, dont les tétons bourgeonnent en toute liberté depuis que Florence a fait glisser les bretelles des dentelles qui en cloîtraient l’éclosion.
Lorsque la voix de Jérôme leur propose curieusement de caresser leur portable respectif, elles réalisent que chacune ne commande pas son propre sex-toy mais celui de sa partenaire, qui vibre de différentes manières selon la pression et la position du doigt sur l’écran. Ainsi peuvent-elles se caresser mutuellement au plus intime en toute discrétion, même si quelques spectateurs paraissent plus intéressés par leur manège que par la strip-teaseuse qui va tour à tour aguicher les clients selon un ordre imprévisible.
Nos deux amies désormais liées par leurs invisibles caresses mutuelles n’ont même pas vu venir la Sévillane tant elles sont proches de l’extase, quand Ophélie réalise qu’elle a l’effeuilleuse au teint hâlé sur les genoux ! Celle-ci commence à lui déboutonner le chemisier, voit le soutien-gorge effondré et adresse à Florence un sourire complice tout en malaxant les tétons roses de sa bienheureuse victime. Mais voilà qu’elle tente d’attirer Ophélie sur scène pour l’exhiber au public. En un éclair, Ophélie se voit les fesses à l’air sans la moindre petite culotte, humiliée par les regards égrillards de vieillards braqués sur son intimité encore trempée, mais qui ne ressentirait peut-être même plus les vibrations déclenchées par Florence sans doute trop éloignée. Ophélie s’accroche à son siège pour échapper à la scène.
Sans insister davantage, la tentatrice abandonne le couple lesbien pour aller s’asseoir sur les cuisses d’un petit vieux au sexe éteint mais aux yeux brillants, avant de jeter son dévolu sur une discrète jeune femme noire qu’Ophélie et Florence n’ont même pas vue arriver tant elles sont bien dans leur bulle. Cette fois-ci, la Sévillane n’attaque pas sa victime de front mais par derrière, elle crible sa nuque de baisers mutins, fait sauter le seul bouton de sa veste austère, part à l’assaut de son buste bientôt à découvert, en mitraille la peau d’ébène de taquines caresses tout en lui décochant de sensuels baisers pour étouffer toute protestation. Le souffle court et les pommettes en feu, la victime ébahie se retrouve rapidement sur la scène, en soutien-gorge, à quatre pattes sur le lit, reins creusés et jupe tendue.
L’effeuilleuse en remonte lentement le tissu, centimètre par centimètre, dévoile la lisière des bas tabac, le brun des cuisses nues, l’obscur du pubis, jusqu’à la croupe somptueuse au cœur de laquelle trône un rosebud qui brille de mille feux. Et pas de petite culotte pour elle non plus ! La bouche sèche et les yeux hagards, la coquine reçoit discrètement une carte de visite dans son décolleté de la part de la strip-teaseuse qui termine son show sous les applaudissements nourris de tout le public, tous hormis Ophélie et Florence vibrantes d’extase à s’en mordre les lèvres.
Tout au bout de la queue qui s’allonge à l’entrée de la galerie, Nina ressent une pression au creux des reins qui lui rappelle l’objet de sa présence, et sans doute la présence de l’objet de ses désirs, dans cet endroit si particulier : une exposition réservée aux adultes avertis, consacrée aux œuvres scandaleuses collectionnées par un érotomane tout au long de sa vie de débauche. Après un contrôle tatillon de leur carton d’invitation et de savantes explications, les invités traversent un à un le mystérieux rideau pourpre qui masque l’entrée de l’exposition aux regards des passants trop curieux, donnant à ce haut lieu de culture avant-gardiste des allures de sex-shop ordinaire. Tout cela est si long que Nina finit par se perdre dans ses pensées, et songe à ses invraisemblables aventures qui l’ont faite vibrer dans tous les sens du terme depuis le début de l’après-midi, et même avant.
Au début, Nina ne voulait pas en entendre parler. Cet acte dégoûtant était un truc de pervers. Il n’était pas question de s’avilir avec des pratiques aussi infectes. La toute jeune femme s’estimait pourtant bien plus large d’esprit que la plupart de ses copines, au point de tomber sous le charme du sulfureux Jérôme. Elle osa même participer au premier anniversaire libertin de ce serial-lover au cours duquel il honora sept amantes en quarante-huit heures. Elle rencontra ainsi d’autres femmes plus expérimentées aux vertiges de l’amour, et Nina finit par se dire que moyennant quelques précautions, elle pourrait éventuellement goûter ce fameux plaisir aussi cérébral que charnel, et peut-être pas aussi déviant qu’elle ne l’avait pensé. Toutefois, elle ne pourrait partager cela qu’avec l’amour de sa vie, en lequel elle aurait toute confiance.
Elle finit par perdre Jérôme de vue dans sa quête du prince charmant qu’elle avait tendance à confondre avec les sentimenteurs, et soulageait les frustrations de son cœur dans une intense activité masturbatoire où fleurissaient tous ses fantasmes inassouvis, avec en premier lieu le dégoûtant, l’infect, le truc de pervers. Cela finit par devenir une idée fixe. Quelque chose à essayer avec un autre amant que le prince charmant qui se faisait toujours attendre, mais un amant doux, efficace, expert en la matière, et un seul nom lui vint à l’esprit. Lorsqu’elle constata que Jérôme organisait pour son anniversaire une nouvelle fête galante avec une seule amante, celle qui se montrerait la plus audacieuse au cours d’une série d’épreuves sensuelles, elle décida de concourir en sachant quelle cerise déposer sur le gâteau.
C’est ainsi que Nina s’était retrouvée en début d’après-midi, vêtue de son ensemble jupe-tailleur, relativement stricte mais qui lui permettait de passer partout, à l’entrée d’un club libertin, seule, sans même la certitude d’avoir convenablement résolu l’énigme qui l’avait conduite jusque-là. Elle prit un peu peur face au loup noir de l’homme qui lui ouvrit la porte.
— Bonjour mademoiselle, vous êtes seule ?
— Oui, répondit-elle avec un sourire de circonstance.
— Notre club est exclusivement réservé aux couples. Auriez-vous par hasard un mot de passe pour un événement privé ?
— Je ne sais plus… laissez-moi vérifier…
Nina consulta son téléphone en tremblant, ouvrit la fameuse application Swingame que Jérôme lui avait demandé de télécharger sur son smart-phone, et d’activer ce matin-là pour participer au concours. L’énigme qui l’avait menée jusqu’à cette porte avait disparue, remplacée par un message de félicitations pour « être arrivée à la caverne d’Ali Baba, où elle allait devoir choisir un seul jouet sexuel parmi tous ceux qui lui seraient proposés, à consommer sur place et à emporter ». Encore fallait-il pouvoir entrer ! Sans dire un mot, Nina brandit son portable sous les yeux de l’homme au loup. Cela ne lui fit pas plus d’effet qu’un bréviaire à un loup garou.
— Le mot de passe s’il-vous-plaît ! renchérit-il en feignant la grosse voix, démentie par un sourire carnassier envers la jeune femme belle à croquer.
— Sésame ouvre-toi ? répondit Nina sans même y réfléchir.
— Entrez je vous prie mademoiselle.
Déjà tremblante d’émotion, Nina pénétra dans le club dont la décoration, bien que très sombre, ne manquait pas de style. On lui proposa de choisir un masque et elle opta pour le pourpre à paillettes assorti à sa lingerie, au cas où elle dût se découvrir un peu plus. Mais où est donc le trésor, demanda-t-elle à la barmaid qui lui servait un mojito ?
« Vous voyez ces rideaux mademoiselle ? Ils mènent aux salons, tous en enfilade, sans mauvais jeux de mots. Traversez les jusqu’au dernier. Tout au fond, le salon VIP vous est réservé. On vous y attend. » Nina but son mojito d’une traite, espérant trouver au fond du verre le courage qui lui manquait. Sans véritablement songer à faire demi-tour, elle aspira les dernières gouttes d’alcool pour prendre son élan, et traversa tous les rideaux sans un regard pour les couples installés ni marquer le moindre temps d’arrêt pour se planter devant la banquette du dernier salon comme une balle perdue face à trois hommes assis nonchalamment. « Bonjour Mademoiselle, je m’appelle Flore et je suis là pour vous aider à faire votre choix ! » retentit derrière elle une voix joviale avec l’entrain d’une vendeuse de prêt-à-porter.
Nina se retourna vers une jeune femme brune au masque doré. Devant elle, une multitude de sex-toys sur une table basse. En un coup d’œil, Nina avait fait son choix. Mais l’utiliser sur place, dans ce salon, c’était une autre histoire. Elle s’assit sur la banquette à côté de Flore et prit d’abord un œuf vibrant, car le jouet qu’elle avait choisi l’intimidait un peu. Dès que Nina eut l’œuf en main, son smart-phone réagit. Il affichait la documentation de cet œuf high-tech, pourvu de plusieurs moteurs et capable de vibrer en long, en large et en travers. Mieux encore, la notice virtuelle permettait de faire varier l’intensité des vibrations dans chaque direction grâce à des curseurs sur l’écran du smart-phone. Intimidée, elle reposa l’œuf vibrant, jeta un bref coup d’œil aux hommes qui la scrutaient sans même penser qu’ils étaient des hommes-objets qu’elle aurait aussi pu choisir. Elle prit le bijou anal en inox. Son cristal s’éclaira dès qu’elle l’eut en main et sa notice apparut sur le portable. C’était aussi un modèle vibrant. Pouvait-elle imaginer plus belle surprise pour Jérôme, et meilleure préparation pour son anus ?
— Je prends celui-là déclara Nina en espérant échapper à l’essayage.
— C’est votre dernier mot Nina ?
— C’est mon dernier mot Flore !
— Excellent choix ! La couleur rubis du cristal swarovski vous ira très bien au teint. J’imagine que vous avez l’habitude des rosebuds. Ce modèle n’est pas le plus gros, ni le plus petit non plus. Voici un tube de gel.
— Ah ? C’est que…
— Vous avez besoin d’aide ?
— C’est la première fois…
— Alors laissez-vous faire, je vais vous le mettre. Pouvez-vous vous allonger sur le ventre s’il vous plait ? Votre bassin sur mes genoux. Détendez-vous, je ne vais pas vous donner de fessée, à moins que vous me le demandiez. Je vais juste vous préparer pour une intromission sans aucune douleur. Ne vous inquiétez pas, j’ai du doigté. Fermez les yeux, laissez-vous faire et pensez à quelque chose d’agréable. Votre nuit de plaisir avec Jérôme par exemple.
Honteuse et confuse, Nina laissa Flore lui remonter la jupe jusqu’à la taille, dévoilant ses fesses rebondies aux trois hommes qui ne perdaient pas une miette du spectacle. « Quel magnifique cul de black ! » lâcha Flore admirative avant de se répandre en excuses tout en caressant les fesses offertes. « Ne vous inquiétez pas, répondit Nina en riant, venant d’une femme et sur ce ton-là, cela ne me dérange pas plus que ça. Après tout je suis Noire. » Rassérénée, Flore n’en finissait pas de malaxer les fesses de Nina sans tarir de commentaires élogieux sur sa peau tabac si bien assortie au string pourpre qu’elle finit par lui baisser jusqu’à mi-cuisses. Nina sentit couler entre ses fesses une quantité généreuse de gel, et ressentit à l’orée de sa vulve le métal froid du plug. « Je vais réchauffer le bijou entre vos cuisses. S’il pouvait être un peu mouillé, ce n’en serait que mieux », ajouta Flore d’un ton placide. Nina sentit le doigt de Flore étaler le gel intime dans la raie de ses fesses, en insistant sur le pourtour de son petit trou. Elle devait admettre que ce qu’il fallait bien appeler une caresse était des plus agréables, d’autant que Flore n’en finissait pas de faire tourner le plug entre ses petites lèvres, titillant son clitoris à chaque rotation. Exposée ainsi au regard des trois hommes, Nina avait parfaitement conscience de son indécence malgré le ton affable de Flore, mais être dans une posture aussi humiliante lui procurait un plaisir cérébral, intense et coupable, comme le jour où son grand-père lui avait donnée une retentissante fessée déculottée devant toute la famille réunie. Ainsi Nina accueillit le doigt de Flore dans son postérieur avec un léger soupir.
— Je ne vous fais pas mal au moins ? demanda Flore qui n’avait mis qu’une phalange.
— Non, pas du tout, au contraire, admit Nina dans un souffle.
— C’est l’objectif Nina, répondit Flore sur un ton de confidence tel qu’un témoin attentif aurait perçu le trouble qui s’emparait d’elle aussi. Cambrez-vous bien, je vais vous dilater l’anus avec un doigt, continua-t-elle, peut-être deux, tout en douceur. Vous-êtes bien étroite.
— Ah ?
— Vierge par derrière ?
— Oui.
— Quel magnifique cadeau pour Jérôme ! Il en vaut la peine au moins ?
— C’est un bon amant.
— Pas trop gros ?
— Conséquent.
— Le diamètre de ce plug est celui d’un beau phallus. Imaginez que j’ai en main celui de Jérôme, bien dur et qu’il s’apprête à vous sodomiser. Fermez les yeux, détendez-vous. Pour l’instant ce ne sont que mes doigts qui tournent dans votre anus. J’en ai enfoncé deux. Vous en êtes-vous rendu compte ?
— Non… juste que c’est bon… Vous pouvez …
— Oui Nina ?
— Vous pouvez me mettre son gros sexe dans le mien pour commencer ?
— Avec plaisir Nina. Il n’enfonce que son gland dans votre intimité, pas toute la longueur de son membre. Ça vous plait ? Je vais le faire vibrer avec votre portable. C’est encore mieux n’est-ce pas ?
— Oui, c’est jouissif…
— Attendez, je vais vous offrir une petite démonstration gratuite en vous glissant l’œuf dans le vagin. Vous êtes trempée Nina, ça rentre tout seul. Voilà, vous pouvez commander le plug et l’œuf à la fois selon la position de votre doigt sur l’écran. C’est si intuitif que vous pouvez le faire les yeux fermés.
— Ah oui… Ah…
— Maintenant que le plug est bien chaud et bien humide, pardon, maintenant que Jérôme a le pénis bien dur, il vous masse l’anus avec son gland pour vous sodomiser en douceur. Ouvrez-vous à son désir.
— Oui, qu’il rentre… je veux qu’il me remplisse…
— Il commence à vous pénétrer et vous sentez comme un mouvement de rotation qui vous ouvre le petit trou. Il adore la pression de vos sphincters sur son gland. Il jouit de les sentir se dilater jusqu’à lui gober le dard. Ça y est, il passe le cap, il s’enfonce dans votre boyau huileux.
— Oh oui ! Qu’il m’encule !
— Et voilà, le plug est en place ! Vous n’avez pas eu mal n’est-ce pas ?
En plein orgasme sous les effets conjugués de l’œuf vibrant, du plug et des doigts de Flore qui n’avaient pas lâché son clitoris, Nina était bien incapable de répondre à cette question rhétorique. Lorsqu’elle reprit enfin son souffle et ouvrit les yeux, elle vit ceux, exorbités, des trois hommes, chacun caressant la bosse qui déformait son pantalon. Flore ressortit l’œuf vibrant et rabattit la jupe de Nina sur ses fesses nues, au milieu desquelles trônait le cristal rubis du rosebud.
— Voici votre string, lui dit-Flore, vous aurez de meilleures sensations sans.
— Je ne sais comment vous remercier.
— Nous verrons cela une autre fois. Au plaisir Nina !
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